Qu'est-ce que les Black Blocs?
Les mythes entourant cette pratique
Ce texte fortement inspiré du livre Les black blocs écrit par Francis Dupuis-Déri, ainsi que du chapitre Broyer du noir provenant du livre À qui la rue?, un collectif d’auteurs aussi sous la direction de Francis Dupuis-Déri. Pour de plus amples informations, vous pouvez toujours vous y référer.
Par Noémie
Avec la foulée du printemps étudiant de 2012, une série de tactique de manifestation a fait ou refait surface : des manifestations nocturnes, aux manifestations nues, en passant diverses actions de perturbation de toute sorte. C’est ainsi qu’on a connu le retour en force des Black Blocs comme techniques de manifestation.
Qu’est-ce qu’un black bloc?
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’un black bloc n’est pas un groupe structuré avec des membres comme il est souvent décrit par les médias. Ce sont de gens provenant de divers milieux qui, de manière spontanée lors d’une manifestation, se regroupent afin de déambuler dans les rues avec les autres militants. Ces gens s’habillent en noir de la tête aux pieds et ils sont généralement masqués. Le but de cette pratique est de former un bloc compact au cœur de la manifestation de manière à ce que tous soient semblables, donc difficilement identifiables. Ainsi, le profilage effectué par les policiers au cours de ces manifestations se voit plus difficile étant donné l’allure similaire de tous les manifestants.
Qui sont ces gens en noir dans les manifestations?
Sachez qu’il est difficile d’émettre une définition qui colle à tous les manifestants de ces regroupements puisque ceux-ci sont éphémères et ne rassemble pas toujours les mêmes individus.
Au cours d’évènements qui « dérapent », les médias de masse ont tendance à faussement étiqueter les militants par manque d’informations sur le sujet. Or, durant la grève étudiante de 2012, le portrait que font les médias de masse des militantes et militants participant à un Black Bloc est assez péjoratif. Les gens qui participent à ces mouvements sont généralement décrits comme étant de jeunes hommes apolitiques pour qui la seule intention est d’infiltrer une manifestation pour faire du grabuge afin de satisfaire leur soif de violence.
Dans un premier temps, ce ne sont pas toutes les manifestations dans lesquelles on retrouve un black bloc tournent à l’émeute. (Évidemment, il est facile d’oublier les manifestations pacifiques afin de garder en tête que celles qui ont mal fini.) Qu’une minorité des individus prenant part à un black bloc serait porté à faire des actes de violence. Bon nombre d’entre eux ne font que marcher groupés au cœur de l’action. Dans certaines manifestations, il s’est déjà vu des groupes en black bloc s’avancer pour protéger les manifestants pacifiques des assauts des policiers.
D’autre part, la très grande majorité des individus participant à ce genre de protestation sont politisés. Sensiblement tous de gauche, ils utilisent la violence, le cas échéant, à des fins politiques. Plusieurs d’entre eux se disent anarchistes, ou du moins affirment s’opposer au capitalisme et à la mondialisation (mouvement altermondialiste). Pour ces militants, la mauvaise distribution des richesses est au cœur de tous les problèmes sociaux. Lorsque la tension monte, les principales cibles choisies par les protestataires sont les vitrines de multinationales ou de banques, symboles du capitalisme, ou les symboles de hiérarchie comme, les postes de police, les bureaux de partis politiques. Ainsi, ils protestent à leur façon contre l’établissement de ces entreprises qui contribuent au maintien du système politique actuel qui ne fait qu’accentuer l’écart entre les riches et les pauvres, qui pousse la planète vers le massacre écologique et qui maintient le patriarcat. À ce sujet, Mathieu Francoeur, porte-parole de la CLAC (Convergence des luttes anticapitalistes) avance ceci : « C’est toujours le même débat sur la violence. Pour des gens, casser une vitre c’est très violent, pour nous, c’est plus violent de laisser quelqu’un dormir dans la rue. »
Principales critiques des mouvements de type Black Blocs
Étant donné l’émergence de cette technique dans un grand nombre de manifestations en Amérique et en Europe depuis la fin des années 1990, les policiers sont habitués d’avoir à gérer ce genre de situations. L’effet de surprise est amplement réduit, ce qui limite le potentiel d’efficacité des actions des militants. De plus, lorsque le risque de réprimande augmente, certains militants moins téméraires peuvent hésiter à se joindre aux protestations.
Puisque ces mouvements font parfois appel à la violence pour se faire entendre, ils sont souvent critiqués par d’autres individus militant pacifiquement pour la même cause, sous prétexte que la violence discrédite le mouvement. Cela produit un effet de dissolution des militants, ce qui réduit les chances de tous les partis de se faire prendre en considération par les acteurs en position d’autorité.
Les Black Blocs sont des mouvements sans hiérarchie, ce qui veut dire qu’aucune personne n’est censée détenir plus de pouvoir ou plus de responsabilités que les autres. Ainsi, lorsque les rassemblements sont préparés à l'avance, la coordination de mobilisations peut s’avérer parfois compliquée.
Finalement, bien que la majorité des manifestants affirment prôner l’égalité entre les hommes et les femmes, certaines femmes disent avoir eu du mal à s’intégrer au milieu à cause de préjugés persistants.