Occupy Wall street,
Occupy All streets!
Occupy Wall Streets Ce texte est fortement inspiré des livres Occupy Wall Streets! provenant d’un collectif d’auteurs ayant vécu l’occupation ainsi que du livre de Noam Chomsky Occupy. Pour de plus amples informations, vous pouvez vous y référer.
Par Noémie
Fortement inspiré du mouvement des indignés espagnols et grecs (printemps et été 2011) revendiquant la mise en place d’une « réelle démocratie » pour reprendre leurs mots, le mouvement Occupy Wall Street prend officiellement son envol le 17 septembre 2011 dans le parc Zuccotti situé dans le quartier des affaires à New York, avant d’être propagé dans la plupart des grandes villes américaines. Dès le début du mouvement, on implante un campement militant autogéré participatif dans le parc en question. Toutes décisions prises en lien avec le mouvement sont le résultat de consensus suite à de longues délibérations avec les militants présents lors des assemblées générales.
Comment fonctionnent les Assemblées générales?
Dès le premier jour de l’occupation, les gens ont été invités à se mettre en petits groupes de travail d’une quinzaine d’individus afin d’échanger des idées et de partager leur savoir quant à la possibilité de créer un meilleur monde. Ces groupes sont indépendants les uns des autres, mais ils sont interconnectés dans la mesure où la communication entre eux est constante.
À chacune des assemblées, une question thème est proposée aux militants afin de diriger les discussions et ainsi mieux aligner les propositions ou les revendications faites au groupe. Lorsqu’un membre de l’Assemblée désire prendre la parole, il s’inscrit sur la liste des orateurs. Afin de se faire entendre par tout le monde, les orateurs font appel au « micro du peuple ». La personne qui prend la parole divise son discours phrase par phrase. Après chacune de celles-ci, les individus dans la foule sont invités à répéter cette phrase afin de la faire entendre aux autres. Cette technique permet une meilleure compréhension des différents discours prononcés, car les membres de la foule sont contraints à porter une grande attention à ce qui est dit puisqu’ils devront répéter. Chacune des idées présentées à l’AG est débattue par tout le groupe. Les décisions finales sont le résultat d’un consensus des individus présents à l’AG. Ceci se fait sans l’entremise d’un vote. Chacun des groupes de travail prend la parole pour appuyer ou apporter des modifications aux propositions jusqu’à ce que tous s’entendent.
Les principales critiques à l’égard de ce mode de fonctionnement sont fondées sur le temps pris afin d’en venir à une décision finale. En effet, ce processus peut être excessivement long et plus il y a de militants présents, plus les débats peuvent s’éterniser. De plus, ce genre de fonctionnement exige que les militants soient présents à chacune des assemblées s’ils veulent que leurs voix soient représentées, ce qui peut être difficile pour certains individus qui ont un horaire plus chargé. Finalement, plus le mouvement prenait de l’ampleur, plus les grandes décisions ont eu tendance à être prises par une petite élite à l’extérieur des assemblées et imposées aux militants, ce qui est contraire au fonctionnement initial des assemblées. Plusieurs pistes de solutions ont été apportées à ces problèmes, notamment l’idée de créer un conseil des porte-paroles provenant de chacun des groupes de travail afin de défendre les intérêts de ceux-ci. Seulement ce concept a été rejeté en assemblée, car il était contraire aux revendications du mouvement contre la démocratie représentative. Malheureusement, l’occupation du parc Zuccotti a pris fin avant qu’une solution finale soit apportée au problème des assemblées générales trop populeuses.
Quelles sont les revendications du Groupe?
Évidemment, les revendications les plus connues du mouvement Occupy Wall Street sont celles en lien afin la fin de l’accroissement des inégalités financières entre la classe riche et la classe pauvre aux États-Unis, mais aussi partout dans le monde. On y fait le parallèle entre le 1% de la population qui possède et contrôle la plupart des ressources. Le célèbre slogan « We are de 99% » (nous sommes les 99%) est ainsi devenu un emblème du mouvement.
Après plusieurs heures de discussions sur le sujet, lors de la première AG au parc Zuccotti, les occupants en sont venus au consensus qu’il n’y aurait pas de revendication précise au mouvement, du moins pas dans les premières semaines de l’occupation. Ceux-ci s’entendent pour dire que toute revendication permettant l’amélioration des conditions de vie du 99% est tout à fait légitime et donc qu’elles méritent d’être prises en considération.
Malgré tout, les plus importantes revendications faites par le mouvement au fil des manifestations concernent notamment la réorganisation du système politique américain afin de le rendre plus transparent, juste et légitime en laissant une plus grande place aux citoyens sur la scène politique. De plus, les militants cherchent à réorienter les finances en fonction de l’atteinte du bien commun ce qui passe par une plus grande législation des banques pour enrayer la corruption des gouvernants, par l’annulation des dettes individuelles et par la mise en place d’une taxe sur les transactions financières. Ainsi, le groupe espère mettre fin à la spéculation boursière. Des actions ont aussi été prises pour contrer le profilage racial effectué par les policiers dans l’entremise de fouilles abusives de certains groupes immigrants.
À quoi ressemble l’occupation du parc Zuccotti?
Sur le site de l’occupation, les militants ont progressivement mis en place divers services à la population, en commençant par l’ouverture d’une infirmerie où il est possible de recevoir les soins d’urgence de base ainsi qu’un service d’aide psychologique. Puis une cantine est mise sur pied afin de servir chaque jour jusqu’à mille repas gratuits pour les militants. De plus, un service d’aide juridique sera disponible pour les nombreux arrêtés du mouvement. Finalement, une bibliothèque sera fondée sur le campement afin de permettre la transmission de connaissance de toute sorte. Chacun de ces services est offert gratuitement par du personnel bénévole et tout le matériel utile au bon fonctionnement de ces services provient de dons des militants et des organismes en faveur du mouvement. Sur le site se trouve aussi ce qu’ils appelaient le "drum circle". Armés de poubelles de métal, de chaudières de plastiques et d’instruments improvisés de toute sorte, les militants peuvent exercer leur créativité musicale tout en motivant les troupes dans leurs revendications.
Chaque jour, les occupants se réunissent pour discuter sur les thèmes d’actualité et chaque soir, ceux-ci peuvent prendre part à une assemblée générale. De plus, les militants peuvent prendre part à de nombreuses manifestations improvisées ainsi qu’à différentes actions (aller en groupe faire la queue à la banque pour faire fermer leur compte, tenter d’occuper des postes de police pour mettre fin aux fouilles abusives…)
Lors de la première nuit de l’occupation, soit le 17 septembre 2011, 60 campeurs sont restés sur place afin d’y passer la nuit. Deux semaines plus tard, on dénombrait environ 600 campeurs qui couchaient à la belle étoile dans le parc en signe de protestation. Occupy, quoique décrit comme étant un mouvement principalement constitué de jeunes étudiants, est en fait un mouvement intergénérationnel. Plusieurs personnes âgées prennent part aux activités sur le lieu de l’occupation et aux nombreuses manifestations. En plein jour, le nombre d’individus augmente substantiellement dans l’occupation.
Anonymous s’invite dans les protestations
Dès le début de l’occupation new-yorkaise, le groupe «d’hacktiviste» Anonymous a tenté de donner un coup de main aux militants en perpétrant quelques attaques informatiques. Présent un peu partout dans le monde, le groupe utilise la plupart du temps des attaques en Ddos pour arriver à leurs fins. Contrairement au piratage, ces attaques n’endommagent pas les serveurs ou les sites attaqués, elles ne font que les ralentir ou les mettre temporairement non accessible. Ainsi, ces gens sont plus ou moins considérés comme étant menaçants, bien que quelques-uns de leurs membres ont été condamnés à plusieurs mois de prison. Le groupe Anonymous qui dénonce les atteintes à la liberté d’expression ainsi que les manipulations de l’esprit faites par les gouvernants ou les institutions religieuses s’est progressivement fait connaitre entre autres à cause de leurs manifestations devant les églises de scientologie ainsi que de leurs nombreuses actions contre la Westboro Baptist Church.
Problèmes et critiques apportées par ce genre de mouvement
Critique de la population Comme c’est souvent le cas lors de mouvement sociopolitique de masse, la population est divisée quant aux revendications. Bien souvent, après quelques semaines de manifestations quotidiennes, l’appui de la majorité de la population se range contre les manifestants tout simplement parce que ceux-ci sont dérangeants. Ils causent des bouchons de circulation, ils engendrent une plus grande présence policière sur le territoire, ils font du bruit, ils sont visibles. De plus, une importante part des citoyens n’a pas tendance à s’informer outre mesure sur les revendications faites par ce genre de groupes, donc ils les critiquent ouvertement sans prendre conscience que ce qu’ils revendiquent est aussi à leur avantage.
Critique des militants Le principal problème concernant une partie des militants de ce genre de mouvement concerne leur manque connaissances historiques sur les mouvements passés. En effet, peu d’entre eux les connaissent bien, ce qui fait en sorte qu’ils ne prennent pas conscience des actions qui fonctionnent par rapport à celles qui ne fonctionnement pas. Ainsi, au fil des mouvements de revendication, les mêmes erreurs sont répétées puisqu’il n’existe aucune institution de transmission de ce précieux savoir, ce qui fait perdre un temps précieux aux protestataires.
Critique des forces de l’ordre Concertant le travail des policiers lors de ce genre de mouvement, il est normal que les manifestations soient encadrées pas un certain nombre de policiers afin d’assurer la protection des contestataires, même si en tant que militant, on préférerait que les policiers ne s’incrustent pas dans nos actions… Le seul problème avec une présence policière accrue c’est qu’elle permet tout autant sinon plus de dérapages. Au cours des manifestations d’Occupy à travers les États-Unis, de nombreux protestataires ont été arrêtés, car ils utilisaient un mégaphone, ils écrivaient à la craie sur le trottoir, ils défilaient dans les rues, ils occupaient un parc public après la fermeture… Tous d’horribles crimes qui méritaient une sévère répression à coup de matraque, de séjour au poste et de salés constat d’infraction.